dimanche 11 décembre 2011

Jetons un coup d'œil au cadre clinique freudien. Je le décrirai en énumérant certains des points les plus évidents :

1. A une heure fixée pour chaque jour, cinq ou six fois par semaine, Freud se met au service du patient. (Cette heure est décidée à la convenance de l'analyste et du patient à la fois.)

2. L’analyste est là bien en vie qui respire ; on peut compter sur lui, à l’heure dite.

3. Pendant la période limitée à l’avance (environ une heure), l’analyste reste éveillé et se préoccupe du patient.

4. L’analyste exprime de l’amour par l’intérêt positif qu’il prend, et de la haine dans la façon stricte de commencer et de finir la séance, ainsi que dans la question des honoraires. L’amour et la haine sont exprimés honnêtement, c’est-à-dire que l’analyste ne les nie pas.

5. L’analyste vise à entrer en contact avec le processus du patient, à comprendre le matériel présenté, à communiquer cette compréhension par des paroles. La résistance sous-entend de la souffrance et peut être soulagée par l’interprétation.

6. La méthode de l’analyste est celle de l’observation objective.

7. Ce travail se fait dans une pièce, pas un corridor, une pièce qui est calme, à l’abri des bruits inattendus sans être un tombeau de silence d’où est exclu tout écho de la vie habituelle d’une maison. Cette pièce est convenablement éclairée ; il n’y a pas de lumière dans les yeux ni un éclairage variable. La pièce n’est certainement pas obscure et une bonne chaleur y règne. Le patient est allongé sur un divan, donc à l’aise s’il peut être à l’aise, et un plaid et de l’eau sont probablement à sa disposition.

8. L’analyste (c’est bien connu) ne fait pas entrer de jugement moral dans la relation, n’a pas de désir de faire entrer des détails de sa vie personnelle, ni ses idées, et l’analyste ne désire pas prendre parti dans les systèmes persécuteurs même s’ils apparaissent sous la forme de situations authentiques partagées (situations locales, politiques, etc.). Naturellement s’il y a la guerre ou un tremblement de terre, ou si le roi meurt, l’analyste n’est pas sans le savoir.

9. Dans la situation analytique, l’analyste est une personne bien plus sûre que les gens de la vie ordinaire ; dans l’ensemble, il est ponctuel, ne fait pas de colères, ne tombe pas amoureux compulsivement, etc.

10. Il y a une très nette distinction dans l’analyse entre le fait et le fantasme, de sorte que l’analyse n’est pas blessé par un rêve agressif.

11. La loi du talion ne s’applique pas et on peut compter sur l’absence de réaction de cet ordre.

12. L’analyste survit.

Donald W. Winnicott, Les aspects métapsychologiques et cliniques de la régression au sein de la situation analytique