samedi 31 mars 2012

Pour prendre congé

Le dépouillement, sans l'ascèse
La vérité, sans l'éloquence
La compréhension, sans le savoir
Le renoncement, sans la résignation
L'amour, sans la conjonction douloureuse de deux masochismes
Le vin vieux, dans des outres nouvelles
La joie, par de grands moments
L'humilité de reconnaître sa misère mêlée aux vestiges de sa grandeur
La maîtrise des pensées, non des autres
L'esprit, avec la chair et le coeur
La pesanteur, avec la grâce
L'intrépidité, sans l’intempérance
La folie, sans son éloge
L'idée claire et distincte, sans la séparer du terroir de sensations confuses d'où elle prend corps.

Didier Anzieu, Le penser : du Moi-peau au Moi-pensant

vendredi 30 mars 2012

Autrui joue toujours dans la vie de l'individu le rôle d'un modèle, d'un objet, d'un associé ou d'un adversaire.

Sigmund Freud, Essais de psychanalyse

jeudi 29 mars 2012

Mettez votre mémoire de côté ; mettez de côté le temps futur de votre désir ; oubliez-les tous les deux, ce que vous saviez aussi bien que ce que vous voulez, pour laisser la place à une nouvelle idée. Une pensée, une idée non revendiquée, peut flotter autour de la pièce à la recherche d'un foyer. Parmi celles-ci il peut y en avoir une à vous qui semble sortir de votre ventre, ou venant du dehors de vous, à savoir du patient.

Wilfred R. Bion cité par Patrick Casement, A l'écoute du patient

mercredi 28 mars 2012

L'intelligence n'est pas affaire de diplômes. Elle peut aller avec mais ce n'est pas son élément premier. L'intelligence est la force, solitaire, d'extraire du chaos de sa propre vie la poignée de lumière suffisante pour éclairer un peu plus loin que soi - vers l'autre là-bas, comme nous égaré dans le noir.

Christian Bobin, L'inespérée

mardi 27 mars 2012

Qu'est-ce qu'un groupe réussi ? Pour l'instant, j'opterai pour la définition la plus simple. Si, un mois après la séparation du groupe, un certain nombre de participants pensent que ce fut une expérience dénuée de sens, peu heureuse, ou une expérience préjudiciable dont ils se remettent avec peine, alors ce ne fut certainement pas pour eux un groupe réussi. Si, par contre, la majeure partie ou la totalité des membres pensent encore que ce fut une expérience qui en valait la peine et qui a accéléré leur propre développement alors, dans mon esprit, on peut lui accoler l'étiquette de groupe réussi.

Carl R. Rogers, Les groupes de rencontre

lundi 26 mars 2012

Mais on reconnaît, comme condition pour la mise en place de l’épreuve de réalité, que se soient perdus des objets qui autrefois avaient apporté une satisfaction réelle.

Sigmund Freud, La Négation

dimanche 25 mars 2012

Le Martien est un homme qui observe les évènements sans idées préconçues ; son point de vue est celui d'un regard neuf. Comme les enfants, le Martien aime les contes de fées. il les écoute attentivement. Il ne proteste pas quand le loup se met à parler, même s'il n'a jamais rencontré de loup doué de parole. A part lui, il se demande bien à quels gens il arrive de rencontrer des loups qui parlent. Bien d'autres questions lui viennent à l'esprit. Pourquoi la mère se débarrasse-t-elle du petit Chaperon Rouge pour la journée ? Pourquoi l'envoie-t-elle à travers bois, sans l'avertir de ne pas parler aux loups ? Pourquoi le petit Chaperon Rouge donne-t-il sans hésiter l'adresse de sa grand-mère au loup ? Pourquoi Grand-Mère vit-elle seule au milieu des bois ? Pourquoi le petit Chaperon Rouge grimpe-t-il dans le lit de la Grand-Mère ? le Martien en demeure éberlué. Il se fait philosophe. Il tire la morale de cette histoire : les loups doivent se méfier des petites filles au regard innocent.

Raymond Hostie, Analyse transactionnelle : l'âge adulte

samedi 24 mars 2012

Tout notre savoir est toujours lié à la conscience.

Sigmund Freud, le Moi et le Ça

vendredi 23 mars 2012

Le fruit ne tombe pas loin de la racine.

Proverbe bulgare

jeudi 22 mars 2012

L’utilisation de l'analyse pour la thérapie des névroses n’est qu'une de ses applications : peut-être l’avenir montrera-t-il que ce n'est pas la plus importante.

Sigmund Freud, La question de l'analyse profane

mercredi 21 mars 2012

Le rêve ignore le néant.

J.-B. Pontalis, Traversée des ombres

mardi 20 mars 2012

La situation de groupe, dont Freud a comparé les effets à ceux de l'hypnose, mobilise chez ses membres deux types d'identification imaginaire : l’identification au moniteur, au chef, au père, à l'idéal du moi ; l’identification plus archaïque, introjective, des participants les uns aux autres. Les techniques de groupe non directives mettent rapidement en question les identifications imaginaires personnelles et obligeant les participants à les abandonner, au prix d'une angoisse de "casse", d'une peur de changer, du sentiment d'un risque de tomber fou. Si le moniteur a une réaction contre-transférentielle d'affolement devant ce danger, s'il donne des interprétations individuelles aux participants les plus perturbés par cette perte de leurs repères identificatoires habituels et inconscients, il leur confirme cette perte comme réelle et irréparable et il les précipite dans la décompensation qu'il voulait leur éviter. Ceci fonde d'ailleurs la règle énoncée par Ezriel selon laquelle l'interprétation a à être donnée au groupe, non à un individu.

Didier Anzieu, Dynamique et processus de groupe in Pratique de la psychothérapie de groupe (Pierre-Bernard Schneider, Dir.)

lundi 19 mars 2012

Permettez-moi de donner quelques-unes des raisons pour lesquelles une mère hait son petit enfant, même un garçon :

L'enfant n'est pas de sa propre conception (mentale).

L'enfant n'est pas celui du jeu de l'enfance, l'enfant du père, l'enfant du frère, etc.

L'enfant n'est pas produit par magie.

L'enfant est un danger pour son corps pendant la grossesse et à la naissance.

L'enfant représente une interférence dans sa vie privée, un défi à l'occupation antérieure. Dans une plus ou moins large mesure, une mère a le sentiment que sa mère à elle exige un enfant, de sorte que son enfant est produit pour se concilier sa mère.

L'enfant blesse ses mamelons même en têtant car téter c'est mâcher.

Il est cruel, la traite comme moins que rien, en domestique sans gages, en esclave.

Elle doit l'aimer lui, ses excréments et tout, au moins au début, jusqu'à ce qu'il ait des doutes sur lui-même.

Il essaye de lui faire mal, il la mord de temps à autre, tout cela par amour.

Il montre la désillusion qu'il ressent à son égard.

Son amour brûlant est un amour de garde-manger, de sorte qu'il faut qu'il soit protégé des coïncidences, il faut que la vie se déroule à son rythme et tout cela exige de sa mère un travail minutieux constant. Par exemple, il ne faut pas qu'elle soit anxieuse lorsqu'elle le tient, etc.

D'abord, il ne sait pas tout ce qu'elle fait ou ce qu'elle se sacrifie pour lui. Et surtout il ne peut pas laisser place à la haine de sa mère.

Il est soupçonneux, refuse sa bonne nourriture et la fait douter d'elle-même, mais il mange bien avec sa tante.

Après une matinée épouvantable avec lui, elle sort et il sourit à un étranger qui dit : "Comme il est gentil".

Si elle lui fait défaut au début, elle sait qu'il le lui fera payer à perpétuité.

Il l'excite mais la frustre - elle ne doit pas le manger ni avoir un commerce sexuel avec lui.

Donald W. Winnicott, La haine dans le contre-transfert

dimanche 18 mars 2012

Si l'on parvient à ramener ce qui est refoulé au conscient - cela suppose que des résistances considérables ont été surmontées - alors le conflit psychique né de cette réintégration et que le malade voulait éviter, peut trouver sous la direction du médecin une meilleure solution que celle du refoulement.

Sigmund Freud, Cinq leçons sur la psychanalyse

samedi 17 mars 2012

Au lieu de me plaindre de ce que la rose a des épines, je me félicite de ce que l'épine est surmontée de roses.

Joseph Joubert

vendredi 16 mars 2012

La vérité n’est pas quelque chose qui serait là d’avance et qui serait à trouver, à découvrir, mais quelque chose qui est à créer et qui renonce à son nom en faveur d’un processus qui, en soi, n’a pas de fin.

Friedrich Nietzsche, automne 1887, Fragments posthumes

jeudi 15 mars 2012

... il n’y a d’analyse effective, c’est-à-dire d’analyse qui engage aussi l’inconscient de l’analyste, que celle qui nous porte aux limites, dans une épreuve des limites et de nos propres limites.

J.-B. Pontalis, Perdre de vue

mercredi 14 mars 2012

J'avais appris à connaître toutes choses par leur contraire : le clair par le sombre, le chant par le silence, l'amour par la solitude.

Christian Bobin, Prisonnier au berceau

mardi 13 mars 2012

La Terre promise est toujours de l’autre côté du désert.

Henry Havelock Ellis, La Danse de la vie

dimanche 11 mars 2012

La racine latine du mot « responsabilité » laisse découvrir sa signification : capacité de répondre, de réagir.

Un guerrier responsable a été capable d’observer et de s’entraîner. Il a été capable, y compris, d’être « irresponsable » : parfois il s’est laissé porter par la situation et n’a pas réagi.

Mais il a appris les leçons ; il a pris position, il a écouté un conseil, il a eu l’humilité d’accepter de l’aide.

Un guerrier responsable n’est pas celui qui porte sur ses épaules le poids du monde ; c’est celui qui parvient à affronter les défis du moment présent.

Paulo Coelho, Manuel du guerrier de la lumière

samedi 10 mars 2012

En outre, l'analyste n'entend pas seulement avec son oreille - fût-ce la troisième - mais avec son corps tout entier. Il est sensible non seulement aux paroles mais aussi aux intonations de la voix, aux suspensions du récit, aux silences et à toute l'expression émotionnelle du patient. Sans la dimension de l'affect, l'analyse est une entreprise vaine et stérile. Sans le partage avec les émotions du patient, l'analyste n’est qu'un robot-interprète qui ferait mieux de changer de métier avant qu'il ne soit tard.

André Green, La déliaison

vendredi 9 mars 2012

Rien ne sert de penser, il faut réfléchir avant.

Pierre Dac, Y'a du mou dans la corde à nœuds !

jeudi 8 mars 2012

La grande question restée sans réponse et à laquelle moi-même n’ai jamais pu répondre malgré mes trente années d’étude de l’âme féminine est la suivante : que veut la femme ?

Propos tenus par Sigmund Freud à Marie Bonaparte, rapportés par Ernest Jones,  La vie et l’œuvre de Sigmund Freud, Tome 2

mercredi 7 mars 2012

Le rêve est une pensée qui ne sait pas qu'elle pense.

J.-B. Pontalis, En marge des jours

mardi 6 mars 2012

Sur le plan descriptif, le jeu [en analyse transactionnelle] est un système récurrent de transactions souvent répétitives, superficiellement plausibles, à motivation cachée, en langage plus familier, une série de "coups" présentant un piège ou "truc".

Gérard Chandezon et Antoine Lancestre, L'analyse transactionnelle

lundi 5 mars 2012

Notre vie est pour une grande part composée de rêves. Il faut les rattacher à l'action.

Anaïs Nin, Correspondance passionnée

dimanche 4 mars 2012

Il faut qu'une mère puisse tolérer de haïr son enfant sans rien y faire. Elle ne peut lui exprimer sa haine. Si, par crainte de ce qu'elle peut faire, elle ne peut pas haïr comme il convient lorsque son enfant lui fait mal, elle a recours au masochisme et je pense que c'est à l'origine de la théorie erronée du masochisme naturel chez les femmes.

Donald W. Winnicott, La haine dans le contre-transfert

samedi 3 mars 2012

La psychanalyse est en fait une guérison par amour.

Sigmund Freud, Lettre à Carl Gustav Jung, 6 décembre 1906

vendredi 2 mars 2012

Une heure n’est pas qu’une heure, c’est un vase rempli de parfums, de sons, de projets et de climats.

Marcel Proust, Le temps retrouvé

jeudi 1 mars 2012

Lorsque l'on dit que le premier objet est le sein, le mot "sein" est utilisé, à mon sens, pour désigner la technique du maternage aussi bien que l'organe lui-même. Il n'est pas impossible à une mère d'être une mère suffisamment bonne (tel que je la définis) même si elle nourrit l'enfant au biberon.

A condition de ne pas oublier le sens large du mot sein, et d'inclure aussi la technique maternelle dans la signification globale du terme, on peut dire qu'il y a un rapport entre la formulation du premier développement d'après Melanie Klein et la conception d'Anna Freud. La seule différence qui subsiste est d'ordre chronologique, de peu d'importance en fait puisqu'elle disparaîtra automatiquement avec le temps.

Donald W. Winnicott, Objets transitionnels et phénomènes transitionnels